LIP ◗ you're shining like a neon light

Pican Specter avait été une très belle femme, on le savait au premier coup d'oeil si ce n'est qu'on le savait par des souvenirs brumeux de magazines datants du début des années quatre-vingt. Du haut de ses un mètre soixante douze, avec ses cheveux ébenes, sa silouhette gracile se mouvait avec une facilité et une énergie, que toutes les autres mères, être fatigués, amers, sales du matin au soirs lui enviaient. Oui, Pican Specter était une femme qui ne passait pas inaperçue. Et cela, le Lieutenant Miguel Ramirez l'avait très vite remarqué. C'était devant la crèche de Leimert Park qu'il l'avait vu pour la première fois. Habillé simplement, elle sourit de toutes ses dents au petit garçon qui courait la rejoindre. L'amour semblait émaner d'elle, et le lieutenant fut irrémédiablement attiré vers l'ex-mannequin. Il ne l'aborda toutefois pas tout de suite, l'observant de loin. L'enfant s'appelait Lip -Miguel apprendrait par la suite que ce n'était qu'un surnom affectueux pour le bambin. Alors qu'il était à peine âgé de deux ans, il était le prortait craché de sa mère. Des cheveux épais et noirs jais, des yeux d'un vert d'eau limpide, et le teint plus ou moins clair. Même l'enfant accentua la fascination de ce solitaire Ramirez pour ces deux êtres que rien ne semblaient atteindre. Il revint les jours suivants, à la même heure, observer ce duo étrange et magnifique. Jusqu'au jour où la lianne vint d'un air décidé avec le vieux flic. « Un problème Monsieur l'Agent ? » l'avait-elle questionné de sa voix chantante. La malice pouvait se lire dans ses traits; pourtant cela n'empêcha pas ledit agent de se rembrumir. « Rien, rien » avait-il marmonner en croisant les bras. « Si je n'avais pas foi en notre beau pays et en sa capacité à fournir à l'Etat des agents dignes de ce nom, j'aurais très bien pu vous prendre pour un de ces voyeurs pervers. » Sa voix douce et mélodieuse avait gommer l'insolence de sa remarque, le faisant passer pour une boutade et non une accusation sous-jacente. Elle lui avait alors sourit, de ce sourire particulier -celui de ceux qui savent- et elle était repartie comme elle était venue. Pourtant Miguel Ramirez su à l'instant même qu'il ne pourrait plus jamais vivre sans elle. Et dieu sait que vivre avec une femme comme Pican n'est pas une mince affaire. Pourtant moins d'un mois après cette brève entrevue, ils s'installèrent en ménage. Miguel apprit alors que la période de gloire de la mannequin ne fut que de courte durée et qu'un agent véreux l'avait dépecée de son argent durement gagné, que le père du petit Phillip avait "disparu" -mort, ou en fuite, Ramirez ne sut jamais le vrai fin mot de l'histoire, bien qu'au fond il pouvait lire en Pican qu'elle avait la réponse- et que Pican et son "rayon de soleil" se trouvaient une fois de plus dans la panade. Mais ils n'avaient plus à s'inquiéter : Miguel était là et près à leur faire autant de pl;ace que possible dans sa vie. C'était eux maintenant ladite vie; lui qui jusqu'alors ne l'avait consacré qu'à son travail. Un an après naquit une jolie petite fille de cette romance soudaine : Siri Carson Specter-Ramirez. Et puis, comme pour clore le conte de fée, Miguel prit l'inititive d'adopter Phil. La voilà la famille qu'il attendait.

Il était assis en face de la petite table en formica rouge et blanc de la cuisine. Attrapant distraitement le paquet de papier paraffiné où se trouvait des petits pains sucrés et appétissants, il se dit que ce n'était peut être pas raisonnable d'en avalé un après avoir déjà mangé quatre fajitas. Pourtant ce petit paquet laissé par sa mère semblait lui crier de les manger. Il hésita un instant, et en sortit un. Alors qu'il allait l'enfourner dans sa bouche, un bip soudain l'arrêta. Qui cela pouvait-être à cette heure ? Il se leva lentement, pensant à des blagues de gamins des rues, passa la tête par la petite fenêtre qui donnait sur le boulevard, et s'attendant à les voir détaler dans la rue dans de grands éclats de rire, il ne put retenir sa surprise. La petite tête de brune de Leo, au visage baigné de larmes le regardait, suppliante. Elle n'eut rien à dire; il lui lança les clés, seul moyen pour ouvrir la porte de l'immeuble depuis que le boîtier d'interphone avait été sauvagement attaqué. Il fit le décompte des marches qu'elle montait et ouvrit la porte à la volée lorsqu'elle était arrivé sur le palier. Toujours sans décocher un mot à Eleonor, il la prit dans ses bras et la serra. Refermant la porte derrière eux, il la guida jusqu'au petit salon, où il la fit asseoir et apporta les petits pains qu'il lui tendit. « Leo, qu'est ce qui se passe ? » Tout son corps était secoué de sanglots violents, et les larmes semblaient ne pouvoir s'arrêter de couler. Elle n'arrivait pas à parler, les émotions se bousculant au portillon. Il s'assit à côté d'elle, assez prêt pour sentir ses tremblements incontrôlés, et lui frotta doucement le dos. Il n'entendit pas l'agitation dans les autres pièces, pourtant Pican arrivait déjà dans la pièce, cintrée dans sa robe de chambre. « Lip, qu'est ce qui se passe ? Baisse la télévision voyons ! » Elle apparut sur le seuil et les deux adolescents regardèrent l'ex-mannequin avec un regard désolé. «Oh ma chérie, » se précipita de dire Pican. « Olalah ma chérie qu'est ce qui t'arrive mon chou ? » Lui demanda t-elle en passa une main douce dans ses cheveux. Leo hoquetait, s'essoufflait, pleurait de plus belle, mais n'arrivait pas à sortir un mot. Après lui avoir préparé une tisane, et caressé plusieurs minutes les cheveux en tentant de la calmer, Pican décida de laisser les deux jeunes gens ensemble. Lip se leva doucement, et Leo fit de même, toujours aussi bouleversée. Il la berça un instant dans ses bras, son visage enfouit dans son coup où se déversait en nombre des larmes. Dans cette position il pouvait facilement décoller ses pieds du sol pour l'emmener dans sa chambre en parcourant les deux trois mètres qui les en séparait. Ce qu'il fit. Elle gémit, mais ne se débattit pas. Ils arrivèrent à destination, non sans que Lip se soit cogné violemment l'épaule contre le chambranle de la porte. Il la fit rasseoir, l'aida à enlever ses bottines et son jean -chastement- lui ordonna de se glisser sous les draps, et il la rejoignit aussitôt. Pendant le court rituel, elle avait paru reprendre sa respiration et se calmer légèrement. Pendant encore de longue minute, il souffla des « Chut » et d'autres « Ca va aller » tout en lui caressant les cheveux, jusqu'à ce que la respiration de Leo se fasse lente et régulière. Ce fut elle qui brisa le silence la première. « Je suis une enfant illégitime. » dit-elle calmement. Il garda le silence pour être bien sur qu'il avait compris l'information. Et la seule chose qu'il trouva à répondre fut « On s'en fiche Leo. Pour moi tu es Eleonor, et si tu n'as pas de père, tu as quand même une famille. Ici au moins. Je serais ta famille. » Lip vu perler des larmes à ses yeux. Il l'entoura une fois de plus de ses bras, embrassa son front et lui conseilla de dormir. Il était tard à présent.

« Lip, » dit-elle sur un ton plaintif. « Tu ne vas pas lui en vouloir à vie si ? » Il ne se retourna même pas vers sa soeur, son discours l'agaçant au plus haut point. Bien sur qu'elle avait raison. Bien sur que c'était puéril et immature de se vexer pour ça. Et bien sur que ce n'était "qu'une fille" et qu' "une de perdue c'était dix de retrouvés". Mais Lip ne voulait pas s'y résoudre. Il était blessé, un point c'est tout. « Siri, t'as pas quelque chose de mieux à faire que me faire chier avec ça ? » Il était en train de ranger les objectifs en fonction de leur focale, mais aussi de l'utilisation qu'il en faisait. Si elle n'avait pas déguerpi d'ici là, il s'attaquerait au tri de ces clichés et négatifs. Mais Siri n'était pas du genre à laisser tomber si facilement. « Lip, c'est ta meilleure amie. Y'a juste un moment où tout s'est mélangé. Ca arrive souvent. » Il inspira profondément. Il n'allait pas lui crier dessus, c'était sa petite puce chérie après tout. Mais la rage qui lui montait déjà à la tête était dure à contenir. « P*tain, que veux-tu que je te dise ? Tu crois que pour moi c'est facile ? J'ai tout mis sur la table et je me suis envoyer paître par la seule fille que j'ai jamais aimé. » Il lui tourna le dos une bonne fois pour toute. Son courroux était distinct dans ses intonations. « C'est mort Siri, je ne pourrais jamais plus la voir comme avant. Et elle ne pourra plus jamais me voir comme avant. » Conclue t-il avec un rire amer. Des années d'amitié pour finir comme ça. La vie était injuste, pensa t-il tout en retournant à ses occupations.

« Avery est morte. » Elle avait lâché son sac et avait débité la phrase plus froidement qu'elle ne l'aurait voulu. Les mot retentirent dans la pièce, glacials. Ou était-ce dans sa tête ? Alors que Lip restait face à Siri, trop sonné pour bouger, dire quelque chose ou même capter l'entière signification de la situation, une longue plainte vint brisé le silence tendu qui régnait dans la pièce depuis qu'elle avait osé dire ces mots. Et comme au ralenti, il l'a vu tomber à genoux sans pouvoir faire quoique se soit. Lui, avait lâché le verre qui venait de s'éclater à ses pieds. Et toujours au ralenti, son cerveau ne souhaitant pas enregistrer l'information entièrement, il écrasa les morceaux de verre, s'enfonçant dans la chair tendre de ses pieds, pour venir enrouler de ses bras protecteur de corps de Siri tremblant. Alors qu'elle était secouée de sanglots, il se rendit compte que son propre visage était baigné de larmes. Et comme deux enfants perdus, ils continuèrent d'extérioriser leur traumatisme. Si Lip ne pouvait plus partager sa peine avec sa meilleure amie, il le ferait avec Siri. Mais alors Leo, avec qui partageait-elle cela ? Il préféra chasser cette idée, et enfouit finalement son visage dans la chevelure ébène de Siri pour pleurer tout son soûl, en priant pour que ce ne soit qu'un cauchemar.

Il jouait avec la cigarette entre ses longs doigts fins. Il faisait tout son possible pour garder son calme, pourtant, dès qu'il détournait ses yeux du fin cylindre, les larmes brouillaient sa vue. Avery. Son nom battait dans sa tête douloureusement. Avery Foxbury, jolie petite blonde aux joues continuellement rosées, pleine de vie. Il faut croire que non, pensa t-il amèrement, après cette remarque. Il portait pour l'occasion un costume noir qui le sied particulièrement bien, cachant ses tatouages tapageurs. Siri, qu'il pouvait voir de la terrasse surélevée, elle, portait une robe noire appartenant à Pican. Datant des années 50, elle se fondait dans le décor joliment inspiré des manoirs Anglais du début du siècle. Une fois de plus, Lip se demanda se qu'il fichait là. Il n'avait plus de lien avec la famille. Et puis la pensée que ce soit sa petite soeur à la place d'Avery dans cette "boîte" de chêne massif lui rappela l'unique raison : il aurait aimé que Leo en fasse de même pour lui. Il lacha la cigarette à peine consumée qu'il écrasa du bout du pied et tira distraitement sur sa manche. Siri revenait vers lui, les yeux légèrement rouges. Une fois à sa hauteur il lui demanda un peu trop prestement « Leo est là ? Comment elle va ? » Il regretta sur le champs cette dernière question. La joie qui animait habituellement les traits de sa jeune soeur, paraissait avoir quitté son corps le soir où elle avait appris la funeste nouvelle. Elle allait ouvrir la bouche pour lui répondre, mais croisant le regard effondré de Mme Foxbury, son menton se mit à trembler. Alors dans un réflexe protecteur, Lip la serra dans ses bras. Aussi fort qu'il le pouvait. Il retint lui même un sanglot. Il devait être fort, pour lui-même, pour Siri, Leo ou même Mme Foxbury. Il l'avait toujours été, il ne devait pas faiblir aujourd'hui. Pourtant une larme solitaire roula sur sa joue, alors qu'il quittait son étreinte pour partager sa tristesse avec la mère Foxbury. Siri plongea ses yeux dans les siens, mais elle ne put rien ajouter de plus, car déjà, Maddison Foxbury venait à leur recontre. « Phillip ! » dit-elle d'une voix rauque. « Je ne savais pas que tu étais là ! » Il se mordit l'intérieur des joues. Ne flanche pas Lip, ne flanche pas maintenant, s'ordonna t-il. Pourtant la sollicitude de la mère de celle qui avait été sa meilleure amie le bouleversait. Ne devrait-elle pas aller pleurer avec les siens ? « Oh Phillip, » fit-elle en caressant son visage dans un geste maternel. Il eut, pendant un quart de seconde envie de laisser tomber, de faire son petit garçon et d'aller pleurer avec elle. « Je regrette de ne plus te voir à la maison. Il en était de même pour Avery. Toi et Siri faisiez partis des nôtres. » Finit-elle par ajouter en retenant ses larmes du mieux qu'elle le pouvait. La gorge nouée, il ne put rien répondre, et se contenta d'un hochement de tête doux. Des larmes perlaient au bord de ses paupières, mais il devait être fort, au moins quelques secondes. Ses prières furent entendus, car Mme Foxbury finit par s'éloigner avec le prêtre venu lui répété combien il était désolé et combien il prierait pour que Avery soit épargnée. Il se frotta les yeux brusquement, et d'une main tremblante ressorti le paquet de cigarette, pour en allumer une nerveusement. Il se ré-accouda dans un mot au garde fou en pierre de la terrasse et observa le jardin à travers ses yeux embués de larmes. Elle était là, seule au milieu de cette foule, magnifique dans son deuil. Il pouvait ressentir sa douleur d'où il se trouvait.

« Phil, s'il te plaît, tu peux ramasser mon escarpin de l'autre côté du lit s'il te plait. » cria Millicent de la salle de bain. Lip, lui, était encore allongé nu dans le grand lit double de a chambre de Millicent. Il se pencha, attrapa le dit escarpin et se laissa retomber mollement dans les drap frais et doux. L'endroit était bien mieux que son petit loft un peu miteux qu'il partageait avec sa soeur. Il se roula sur le ventre et enfouit son visage dans ses bras croisé. Il allait dormir tout son soûl avant d'aller bosser à seize heure. Mais Milly semblait ne pas l'entendre de cette oreille. « Qu'est ce que tu fais encore dans ce lit Phil ? Allez bouge toi à la fin ! Va travailler, au lieu de glander comme un ados de quinze ans ! Tu en as vingt-sept, Phil, prends ta vie en main. » dit-elle en quittant la pièce. Il entendit les talons claqueter le long du couloir, les clés tintées et la voix de Millicent retentir. « Je te laisse les clés. Ferme bien avant de partir ! » Quand la porte claqua, Lip s'autorisa à lâcher un long soupir bruyant. Des fois il se demandait pourquoi il restait avec Milly. Ils n'avaient ni les mêmes projets d'avenir, ni les mêmes goûts, ni les mêmes envies. Ils se disputaient régulièrement : pour un programme télé comme pour le plat que Phil devait prendre au restaurant. Mills avait un avis sur tout et Lip ne pouvait le contrarier. Si tel était le cas, la situation dérapait en catastrophe internationale. Bien sur, parfois, ce cas avait quelques plus : des réconciliations passionnées et brûlantes. Mais tout ça commençait à réellement lasser Phil comme Milly. Leur couple prometteur s'essoufflait au fil des jours, et pourtant ils ne cessaient de s'accrocher. Pour quoi faire, lui demandait régulièrement Siri. Lip n'avait pas la réponse. Ou du moins il ne voulait pas la voir. La réponse s'était que Milly était son seul moyen pour réellement tourner la page "Leo". Et pourtant, Leo était constamment là dans un coin de sa tête. Et si ils avaient fini ensemble, à quoi cela ressemblerait-il ? A sa relation avec Milly ? Ou serait-ce plus doux, plus naturelle, plus spontanée ? Avec des compromis et des surprises ? Il chassa ses douces pensées, sachant que c'était, de toute manière vain et se re-concentra sur son présent terne. Au moins il avait réussi à percer dans son job, même si ce n'était pas ce dont il rêvait exactement. Et puis Milly et lui ne cessait d'être décrit comme un couple adorable. Il tenta de faire la liste des points positifs de sa vie actuelle. Alors qu'il arrivait presque à en être satisfait, son portable bippa.
FROM MILLY (555-987-436) : J'espère que tu es sorti de ce lit Specter. Non finalement, sa vie était bien pourrie.

J'ai le bonheur d'annoncer que c'est bel et bien fini. Manque la mise en page mais trop la flemme

Ah il est beau l'exemple administratif ! Je valide Tu feras une jolie mise en page quand t'auras un meilleur ordi et que t'auras dormi !

OUI MADAME Merci !